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MBANZA NGUNGU, Cité des Masawu Vua 
 
 
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Diverses activités sectorielles

Date : 25/12/2024  
Heure : 12.22
 
 
LE COMMERCE - L’ARTISANAT ET LES PME 
 
Le commerce et l’artisanat ont occupé une place prépondérante dans le vécu quotidien des premiers habitants de la ville de Thysville. 
 
Il est évident que dans cette ville, l’OTRACO était le seul et l’unique grand employeur. Les moniteurs et les agents de l’Etat (commis, dactylographes et huissiers) formaient l'autre grande catégorie des salariés. 
 
Une autre frange importante de la population active était composé des artisans et des commerçants. Les opérateurs des deux secteurs précités ont contribué largement à la création des nouveaux emplois. Cette diversification des activités a permis aux habitants de sanzela de rivaliser d’ardeur avec leurs compères du camp Otraco de Nsona Nkulu. 
 
LE COMMERCE 
 
Les portugais qui avaient le monopole dans le négoce avait la particularité d’être des touches à tout. Chez nos amis portugais qui ont le commerce dans le sang, la technicité se transmettait de père en fils. Ainsi, il n'était pas étonnant de retrouver toute une famille, du grand-père aux petits-fils dans la gestion, à divers échelons, de leurs maisons commerciales respectives et de leurs succursales, identifiées le plus souvent par le nom de leurs promoteurs.  
 
Toutefois, pour rentabiliser leurs activités, ceux-ci étaient obligés de recourir à la main d’œuvre locale en recrutant parmi les autochtones des gérants, clercs-magasiniers, aide-comptables, chauffeurs, surveillants, etc…  
 
La plupart des commerçants portugais excellaient dans le commerce général d’import et export. Ils se chargeaient également d’écouler les produits fabriqués localement. Ainsi, une intense activité s’exerçait dans ces entreprises commerciales dont les rayons des magasins étaient toujours bien achalandés avec toutes sortes d’articles indispensables à la consommation courante, de même que leurs dépôts étaient toujours pleins. 
 
Signalons en passant qu’à l’époque coloniale, certains produits manufacturés étaient déjà fabriqués au Congo. Par contre ceux qui étaient importés de l’Europe transitaient par Luanda, capitale de l’Angola avant leur acheminement au Congo Belge, via Kimpangu, qui était l’un des postes douaniers les plus important du pays. 
 
Des commerçants de renom avaient installé leurs pénates à Mbanza Ngungu, d’où ils dirigeaient et superviseaient leurs affaires. Seraô, Mendes, Fernandes, Lopez, Pinto, Marques, Cruz, Cardoso, Lucas, Socopo, sont quelques-uns de ces grands commerçants qui ont marqué leur passage dans cette partie du pays. Ils ont encouragé et aidés quelques indigènes à monter leurs propres affaires et à les spécialiser dans le commerce de détail.  
 
Des boutiques vont apparaître par-ci, par-là. Des frères bazombo, venus de l’Angola et qui justifiaient une certaine prédisposition dans le commerce furent les précurseurs sur ce terrain. Quelques noms nous reviennent encore à l’esprit et nous pouvons les citer. Il s’agit de Esteves Emmanuel, Somba Albert, Nkama Jean, Kiala Yamba, Pedro Martin, Zoao Nlala, Malakia, James, Za Mbalu, Viera, Lundekesi, etc…  
 
Quelques congolais vont leur emboîter le pas et parmi lesquels figurent Pierre Makonko, Mbende Mapaka, Samuel Namata, Lukembeladio Bernard, Philémon Wumbu, Gérard Lukalangangu, Kidianga, Albert Budisa, Aloni Zumbu, Nkala, Malueke, Niombo, sans surtout oublier Mfinda Léon, l’une des plus grosses fortunes de son époque. 
 
Les marchés ruraux ne furent pas oubliés. Tous les coins et recoins du district des Cataractes furent quadrillés par les délégués commerciaux de ces grands magasins qu’on appelait communément Gérants (expatriés ou indigènes) et qui avaient la mission de sillonner avec leur marchandise, même dans les endroits les plus reculés de notre contrée. De Luidi à N’kolo, de Mawunzi à Kivulu, de Luvaka à Kimpangu, en passant par Yabi, Tumba, Sanzikua, Malanga, Songa, Mbemba, Nkiende, Lovo, Kitobola, Kasi, Luozi, Kimaza, Ngombe Matadi, Mpioka, Ntimansi,…tout le district des Cataractes a été passé au peigne fin. 
 
Vendre et acheter, tel était la devise du commerçant portugais qui après avoir écoulé son stock de marchandise, composé des pains, poissons salés, sel, sucre, café, thé, lait, boîtes de conserve, allumettes, pétrole, pagnes, couvertures, draps de lits, chemises, tissus et chaussures, s’arrangeait toujours pour ne pas rentrer avec un véhicule vide à Mbanza Ngungu. Pour ce faire, il se permettait le luxe d’acheter tout ce qui lui tombait entre les mains. Ainsi, toute la récolte des paysans constituée des haricots, maïs, arachides, piments, bananes, courges, huile et noix palmiste, etc… avait toujours des preneurs qui s’approvisionnaient directement à la source. Quelques-uns ces produits étaient exportés en Europe, et de cette manière, ces commerçants assuraient de manière automatique le recyclage de leur fonds de commerce.  
 
D’autres magasins spécialisés existaient aussi à Thysville et offraient leurs services à la population. La Bata vendaient directement et sans intermédiaire ces chaussures à la population.  
La JVL mettait à la disposition de cette même population de la viande fraîche et les divers produits de sa charcuterie de Kolo Fuma.  
Douarte avait une librairie et avait concentré ses activités dans les fournitures scolaires.  
La maison CEDO à Nsona Nkulu assurait la distribution des boissons fabriqués à Léopoldville. 
Lopez était le distributeur attitré des poissons de mer de la Pemarco de Matadi.  
Monsieur Bravo s'occupait de la photographie. 
Quant à la COPHACO, il s’occupait de la vente des produits pharmaceutiques… 
 
 
LA RUPTURE AVEC L’ORDRE ANCIEN 
 
Comme partout ailleurs, la petite cité de Thysville avait ces coutumes et traditions. Deux journées étaient réservées aux grands marchés. Tous les jeudis et dimanches, les citadins et les villageois de la périphérie de Mbanza Ngungu se donnaient rendez vous au marché de Sainte Thérèse pour écouler leurs produits agricoles. Ce marché fut un véritable carrefour et un haut lieu de rencontre et de distraction où des alliances furent noués. Plusieurs idylles et aventures amoureuses ayant abouti au mariage avaient eu pour cadre de référence ce haut lieu de commerce. 
 
Une race des jeunes, habitués de l’école buissonnière et de ce fait, n‘avaient pas poussé leurs études très loin, prirent la vilaine habitude de fréquenter ce marché et de côtoyer ces animateurs. L’appétit venant en mangeant, certains d’entre-eux se familiarisèrent vite aux techniques du petit commerce et grâce à Verakito, leur convoyeur attitré, ils vont se lancer dans cette profession en faisant régulièrement la navette entre Thysville et Léopoldville où ils allaient revendre leurs marchandises. Plus tard, ils vont s’installer définitivement à Kinshasa, mais vont garder un pied à Mbanza Ngungu, d’où ils continueront à venir se ravitailler.  
 
Les jeunes Ngunguois de cette époque se plaisaient énormément à leurs conditions de vie. Ils n’avaient rien à envier à la jeunesse des autres villes ou agglomérations, car ils vivaient dans l’opulence la plus totale.  
 
Hélas, cette période de prospérité et de vaches grasses va connaître un brusque arrêt avec la fameuse opération de zarianisation décidée par Mobutu en 1977, obligeant la mort dans l’âme, les portugais à plier bagages et à rentrer chez eux. De ce fait, ils vont céder leurs patrimoines à une race des nouveaux riches, « les acquéreurs » qui ont précipité l’économie de notre pays dans le gouffre.  
 
Le choix de ces nouveaux opérateurs économiques n’était pas judicieux. Il était réalisé sur base de certains critères fantaisistes et sentimentaux, car rapidement, la plupart des maisons commerciales qui faisaient la fierté de Thysville vont tomber en faillite. Le ralentissement de l’activité économique va entraîner un exode massif des jeunes vers la capitale. C’est le début de la fin de cette ère d’abondance et de vaches grasses qui a caractérisé Thysville et l’ensemble du District des Cataractes. 
 
C’est de cette époque que remonte les structures du commerce informel qui va voir le jour dans notre pays et qui va enrichir un groupe de compatriotes entreprenants et courageux. C’est à cette période que remonte le règne de l’impunité et la disparition de la notion de l’impôt dans les mœurs et coutumes non seulement des opérateurs économiques, mais plutôt de l’ensemble de nos concitoyens. 
 
Ces gars vont mettre en place des procédures et des circuits de ravitaillement, pas toujours catholiques, mais qui ont permis de fournir à nos populations les denrées alimentaires de première nécessité. Les uns vont se lancer dans les chambres froides. Kiala Salazaku, Phillipe Masi, Mvindu Makani, Mpondani, Ma Nkenge, Mama Lubondo, etc vont s’imposer dans ce secteur des mpiodi et poulets congélés importés de l‘étranger. D’autres enfants de Thysville, notamment Kiaku, En Permanence, Mfindas, Ediza, Pandi, Mema, Elisa Ndangi, vont se spécialiser dans le commerce général. 
 
Signalons en passant le retour en force de Kisombe Kiaku Muisi avec sa chaîne des magasins Sadisa qu‘il a implanté dans toute la province du Bas Zaïre. Malheureusement, cette initiative de haute portée sociale ne fera pas long feu, car le pouvoir d’achat du public auquel il était destiné était trop faible.  
 
Toutes les personnes citées ci haut, vont recevoir un coup d’estocade dans leurs activités avec les deux pillages de triste mémoire qui ont précédé la chute du grand léopard. Dépité, ces gars que nous considérons comme les derniers vikings vont être obligés de fermer leurs maisons et de s’exiler sous d’autres cieux beaucoup plus cléments et offrant beaucoup plus de garanties à l‘exercice du commerce.  
 
Aujourd’hui, Mbanza Ngungu ressemble à une ville fantôme, sans une activité digne de ce nom. Saluons tout de même le courage et la ténacité des entreprises Agrifoza, Kiaku et tant d’autres qui contre vents et marrées ont décidé fermement de rester sur place pour assurer ce que nous appelons, le service minimum. 
 
 
L’ARTISANAT ET LES PME 
 
Quittons ce terrain du commerce général pour jeter un coup d’œil au secteur artisanal qui a été à la base de la création d’une série de petites et moyennes entreprises. Des boulangeries, des ateliers de menuiserie et de coutures, des garages, des salons de coiffure, des studios de photos, ont ainsi vu le jour et nous allons vous en parler dans les lignes qui suivent. 
 
LES TRANSPORTEURS ET LES GARAGISTES 
 
LES TRANSPORTEURS 
 
L’activité des transporteurs routiers va toujours de pair avec celle des commerçants. Il était tout à fait normal que surgisse par-ci, par-là, quelques entreprises de transport qui vont faire le bonheur des commerçants, car ceux-ci vont avoir la possibilité de porter et évacuer leurs marchandises dans les différents marchés ruraux du district des Cataractes.  
 
Ces transporteurs ont aussi joué un rôle de premier ordre dans la circulation des personnes, notamment les élèves dans les différents centres situés sur leur parcours.  
 
Antoine Ngyezi, Albert Yukula, Albert Budisa, Mbobo Dominique, Tekasala, Pas de Retard, Amara, Kibingua, Gracia Ndongala, Mpununu Mazabay, Ma Ndoyi, Bon Voyage, Ma Elisa Ndangi, Anto, sont quelques-uns de ces compatriotes qui ont sillonné tous les grands marchés de notre contrée suivant un calendrier connu d’avance et parfois avec une répartition qui frisait la connotation tribale dans la mesure ou le transporteur était ndibu, muisi ngombe ou manianga.  
 
 
LES GARAGISTES 
 
CEGEAC dont l’établissement était installé en ville, derrière l’hôtel cosmopolite avait le plus grand garage de la place. Mais des particuliers tels que Ali Sidi sur l’Avenue Albert et Velozo à Nsona Nkulu furent parmi les grands garagistes qui ont mis leur technicité au service des transporteurs.  
 
Il est important de signaler qu’à l’époque coloniale, une certaine tendance voulait qu’au moment du recrutement, chaque chauffeur devait justifier quelques notions de base en mécanique. Les premiers chauffeurs étaient donc des vrais chauffeurs mécaniciens. Quant à leurs convoyeurs, communément appelés boys chauffeurs, ils étaient en fait des aides mécaniciens et chaque fois qu’ils avaient des pépins en cours de route, ces équipes ambulantes devaient eux-même faire face aux difficultés auxquelles ils étaient confrontés. C’est seulement lorsque les pannes étaient au dessus de leurs compétences qu’ils devaient recourir à ces grands garagistes. 
 
Les garages précités seront plus tard relayés par celui des missionnaires de la paroisse du Sacré Cœur en ville, par celui de Nzeza vers le parking, etc…  
 
 
BOULANGERIES ET PATISSERIES 
 
La boulangerie Denise installée à Nsona Nkulu et plus tard celle de Sultani ont offert du pain et des gâteaux de tous genres aux habitants de Mbanza Ngungu et des villages environnants.  
 
Aujourd’hui, avec la miniaturisation des fours, plusieurs boulangeries de fortune ont vu le jour à travers la cité et le pain a cessé d’être cet aliment de base sans lequel, certains enfants ne pouvaient pas se rendre à l’école. 
 
Un compatriote répondant au nom de Nkodia, que les anciens de Thysville appelaient affectueusement Père nourricier est resté dans la mémoire collective. Celui-ci avait installé dans sa résidence de l’avenue Léopold une pâtisserie traditionnelle dans laquelle on pouvait se ravitailler en bananes et arachides grillées. Mais ce qui attirait le plus la clientèle, dont la majorité étaient des élèves et des jeunes célibataires, ce sont ces gaufres dont la pâte était un mélange de farine et des bananes.  
 
La réputation de Mbuta Nkodia ne s’était pas limité à ces gâteaux. Il grillait aussi pour le bonheur des gourmets des poissons de mer ( rougets) qui en fait étaient un modèle du genre et étaient écoulés comme des petits pains. Une dizaine des garçons appartenant à la fameuse écurie «racatcha» avec Kisangala comme kapita, travaillaient auprès de ce célèbre restaurateur, tantôt comme aide-cuisinier, tantôt comme aide-pâtissier.  
 
Quant à Ma Ndundu, fille de Papa Ali, un popo très bien connu à Thysville, elle s’était fait remarquée avec ces beignets et poissons de mer de très grande qualité, préparés avec de l’huile d’arachides. Ces produits constituaient un véritable régal pour les clients, car contrairement à Mbuta Nkodia dont le magasin ouvrait ces portes sept jours sur sept au courant de la semaine, l'élégante maman de Idrissa Samba et Yerodia Abdoulaye Ndombasi ne consacrait qu’une journée par semaine pour cette activité. Il obligeait de ce fait, ces clients à faire des économies substantielles, pour ne pas rater leur rendez vous hebdomadaire. 
 
Toujours dans ce secteur des beignets, plusieurs dames ont tenu la dragée haute à Mama Ndundu. Mama Miezi Kintaudi et Mama Belo furent de celles-là. 
 
Quant à la célèbre Mama Marie Kuta, elle disposait d’un groupe des inconditionnels qui ne juraient que sur ces poissons salés farcis des tomates (kangila ngai, dans le jargon local), qu’il fallait consommer avec des nsesa, la chikuangue des bandibu. 
 
 
LA MENUISERIE ou CHARPENTERIE 
 
La menuiserie fut l’activité artisanale la plus attirante de cette époque à la cité indigène. N’est ce pas que Joseph, le père nourricier de Jésus de Nazareth, le mari de la vénérée Sainte Vierge Marie était charpentier de profession?  
 
Ce métier qui a aujourd‘hui perdu de son éclat, avait créé un véritable engouement parmi les jeunes. En outre, l’Ecole Professionnelle de Ngombe Matadi qui a formé les premiers ouvriers congolais dans ce secteur était à vol d’oiseau de Thysville. Il était tout à fait normal qu’à la fin de leurs études, que certains d’entre eux, notamment Nkembo-a Nza, Mpondani, Nany, Mazieta, et tant d’autres qui avaient excellé dans le bois, s’installent dans cette cité où ils avaient réussi chacun à construire son propre atelier.  
 
L’esprit créatif et inventif de ces maîtres fut mis à dure épreuve, car pour faire face à la concurrence, ceux-ci étaient obligés de créer leurs propres modèles. Des jeunes, aspirants à ce métier se sont perfectionnés dans cette branche de métiers, sous l‘œil attentif et parfois sévère de leurs patrons. Une fois leur formation terminée, la plupart de ces jeunes menuisiers se sont envolés vers Kinshasa où ils ont volé de leurs propres ailes.  
 
 
LA PHOTOGRAPHIE 
 
Monsieur Bravo, sujet belge installé en ville, en face de l’Eglise du Sacré Cœur, était considéré à juste titre comme le pionnier dans la photo. Mais nous devons reconnaître que parallèlement à leurs boutiques de fortune, Messieurs Esteves Emmanuel et Pedro Martin alias Douze furent les premiers indigènes à s’intéresser à cette activité. 
 
Plus tard, Kuka Arthur, Nlandu Ma Vie, Photo Vicky, Papa Zayobi vont leur emboîter les pas. En effet, avec l’accroissement de la population, le marché des photos était devenu très florissant, car chaque famille, chaque enfant, tenait à l‘occasion des grandes circonstances (fêtes de mariage, de communion, Noël, Bonne Année, Pâques, etc…) de fixer son image sur une pellicule pour la garder pour l'éternité. Hélas, cette habitude et cette affluence vers les photographes est en voie de disparition de nos coutumes. 
 
 
LA COUTURE 
 
Si à chaque coin de rue, on pouvait lire une pancarte signalant la présence d’un atelier de couture, reconnaissons tout de même que Thysville a aussi connu ces grands couturiers. Papa Lemba en ville à côté du magasin de Lopez, Bernard Mangani et son complice Pierre Ntongo, Omer Nsuami, Alphonso, Raymond Tail, Joly Tail, Papa Noël………… ont été nos habilleurs attitrés.  
 
Les phénomènes du prêt à porter et celui des usagers ( tombola buaka) ont été un véritable frein pour cette activité. Actuellement, non seulement à Mbanza Ngungu, mais dans l’ensemble du pays les tailleurs de renom sont à compter du bout des doigts. 
 
AUTRES ACTIVITES ARTISANALES 
 
La liste des activités énumérées ci-haut s’avère incomplète, car dans la politique appliquée jadis par les colonisateurs, l’oisiveté et la paresse n’étaient pas tolérées, surtout parmi les populations vivant en milieux urbains. 
 
De ce fait, les toutes les branches de métier utiles à la société étaient exploitées et leurs animateurs étaient très bien connus à la cité. Ainsi, les différents ateliers de fortune installés par-ci, par-là, ressemblaient à des mini centre d’apprentissage ou l’on retrouvaient parfois une bonne demi dizaine des jeunes très dévoués en train de faire leurs premiers pas dans le métier de leur choix. 
 
La maçonnerie, la charpenterie, la coiffure, la lavanderie, la peinture, la cordonnerie, etc…furent quelques-unes de ces branches lucratives qui ont occupé une frange importante des habitants de Thysville. 
 
Quant aux chômeurs ou sans papiers qui vivaient clandestinement dans les centres urbains, ils étaient purement et simplement arrêtés par la police au cours des fameuses opérations de couvre-feu. Par la suite, ils étaient refoulés dans leurs milieux d’origine, après avoir purgé une peine de prison de sept jours.  
 
LE SECTEUR BANCAIRE ET DE L’EPARGNE 
 
Le commerce et les banques sont des activités qui évoluent toujours de pair. Mbanza Ngungu n’a pas échappé à cette règle et déjà à l’époque coniale, la Caisse d’Epargne du Congo, CADECO exerçait pleinement son rôle dans ce fameux secteur de l’épargne. 
 
D’ailleurs, les pouvoirs publics avaient instauré au niveau des écoles un système d’épargne obligatoire en faveur des futurs cadres du pays qui devaient déjà se familiariser et s’imprégner des réalités et avantages de ce système. 
 
Un digne fils de notre pays, originaire de Mbanza Ngungu, Augustin Dokolo Sanu, le premier banquier congolais que notre pays ait connu, a ouvert une succursale de la Banque de Kinshasa à Mbanza Ngungu.  
 
La Banque du Peuple qui deviendra plus tard, la Banque du Commerce Extérieur va lui emboîter le pas, propulsant de plein pied notre cité dans les villes à tradition bancaire. 
 
Cette présence de ces deux institutions bancaires, les plus florissantes de l’époque a largement influencé l’essor de l’activité économique. En effet, la concurrence que se vouait ces deux banques a largement profité aux opérateurs économiques qui ont pu accéder aux facilités que chacune de ces institutions a accordé à ces clients pour la promotion des activités commerciales à Mbanza Ngungu. 
 
Pillés de fond en comble, la BK a préféré jeté l’éponge, tandis que la BZCE qui est encore sous perfusion, continue à fonctionner timidement, exerçant plus les fonctions de représentant de la Banque Centrale dans l’acheminement de la paie des agents et fonctionnaires de l’Etat. Dans un pays ou le système bancaire a été complètement détruit, nos opérateurs économiques ne savent plus à quel saint se vouer et l’Etat doit faire un effort pour remettre en place cet important secteur de la vie nationale. 
 
 
L’AGRICULTURE 
 
Mbanza Ngungu se trouve dans une contrée à vocation agricole. Son climat et son relief le prédispose aux cultures maraîchères. On y plante toutes sortes de légumes dont l’excédent est directement acheminé à Kinshasa où il est revendu dans les grandes alimentations et restaurants. Elle fut donc, une contrée propice pour l’expérimentation de certaines cultures exotiques d’origine occidentale. 
 
Installés dans un rayon de 30 kms de Thysville, deux unités agro-pastorales situées dans l’axe de N’Kolo ont, largement contribué à cause de leur proximité, au ravitaillement des populations de Mbanza Ngungu dans le secteur alimentaire.  
 
L’Institut National d’Etudes Agronomiques, l’INEAC de Mvuazi à N’kolo, fut l’un des centres de recherches les plus importants du pays sur le plan agronomique. Son laboratoire a favorisé cette activité avec l’expérimentation de diverses cultures vivrières. Plusieurs variétés des oranges, haricots, maïs et de manioc y ont été traités, avant leur vulgarisation.  
 
La Compagnie Jules Van Lancker ( JVL) de Kolo Fuma avait le plus grand élevage de bœufs et de cochons du pays. Grâce à ces palmerais, il était aussi l’un des plus grands producteurs de l’huile de palme et ces dérivées. Quant à sa charcuterie, la première du genre au pays, elle a permis aux indigènes de goutter pour la première fois au boudin, au pâté de foie, au fromage et pourquoi pas au nkasu kolo… 
 
Concernant les villages situés dans la périphérie de Mbanza Ngungu, ils avaient chacun sa spécialité. Le sol de Bangu Langu jusqu’à la vallée de Kiazi Kolo était propice pour la culture des pommes de terres et des bananes. Cobelfruit, était l’un des plus grands acheteurs des produits de villages précités.  
 
Kinlele, Kidiaki et Mbamba étaient spécialisées dans les légumes et tomates. Il fallait voir tous les jeudis et dimanches les mamans des villages précitées avec leurs enfants au dos, transporter des bassins pleins avec les produits précités que se disputaient les ménagères de cette localité. Dans les autres villages, on y cultivait les maniocs. Ainsi, tous les jeudis et dimanches, le marché de Sainte Thérèse était saturé. On y retrouvait des chikuangues et du fu-fu en quantité suffisante pour nourrir la paisible population de cette localité. Des fruits saisonniers tels que les safous, avocats, mangues, papayes, ananas et autres poussaient à gogo dans ces villages.  
 
C’est sans surprise que le surplus de cette production était acheté par les commerçants en provenance de Kinshasa. Thysville était donc considéré à juste titre comme le véritable grenier de Léopoldville.  
 
Pour pallier au manque des cours d’eaux importants qui auraient pu fournir des poissons à ces habitants, les services de l’Agriculture de Thysville avaient tenté dans le cadre de la pisciculture, une expérience très enrichissante avec les étangs artificiels «mazanga» dans la vallée de Ndimba Leta.  
 
Conjointement à cette belle initiative, une autre expérience fut lancé avec la culture des jardins. Les heureux bénéficiaires de ces lopins de terre furent les moniteurs, les commis et autres évolués de l’époque. Ils ont ainsi appris à cultiver et à entretenir les jardins des fraises, des légumes tels que choux, concombres, carottes, poivrons, etc… dont la récolte faisait le bonheur des expatriés et des touristes dont la plupart étaient logés à l’hôtel Cosmopolite. Ce qui justifiait la création d’un petit marché des fruits et légumes, en face de cet hôtel. 
 
La coopération sino-zaïose va basculer Mbanza Ngungu dans le secteur de la riziculture. Une importante rizière sera installée dans la vallée de Loma, plus particulièrement autour de l’Athénée, dont le sol marécageux était propice à ce genre de cultures. A la fin de leur mission au Congo, les Chinois vont remettre cette concession à l’Etat Congolais qui va à son tour confier sa gestion au Professeur Kinzonzi Mvutukidi Ngidu, qui avait déjà hérité lors de la zaïrianisation du domaine de Mawunzi. Hélas, cette importante unité de production qui permettait aux Ngunguois de consommer du riz produit localement, et dont le coût était abordable n’a pas échappé à la furie sauvage de ces excités qui avaient participé au pillage de tout ce qui bougeait à Mbanza Ngungu, reléguant ainsi cette rizière aux calendres grecques.  
 
Outre les agents de l’Onatra, la population active de Mbanza Ngungu est dans sa majorité constituée des fonctionnaires et des enseignants, parmi lesquels, il faut citer les professeurs de l’ISP. Cette catégorie du personnel émargeant au budget de l’état a été clochardisé durant la fin du règne du maréchal MOBUTU, suite à la modicité des émoluments qui leur ont été alloués, mais surtout à cause des retards accumulés dans le paiement de ces salaires de misère. Pour pallier à cette situation, certains agents appartenant à ces deux catégories sociales se sont reconvertis dans leurs heures libres dans les activités agricoles. Mbanza Ngungu est devenu aujourd’hui un grand chantier des ciboules « ndembi », ce condiment qui remplace, faute de moyens l’oignon à la cuisine. Aujourd’hui, à Mbanza Ngungu, le ndembi est considéré comme l’or vert. Chaque famille entretient son petit jardin et nous osons croire que cette activité ne sera pas la dernière qui aura entraîné, à cause des bénéfices qu’il a engendré, un grand engouement parmi la population.  
 

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Modifié en dernier lieu le 18.11.2004
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