Mbanza Ngungu, Cité des Masawu Vua
Date : 25/12/2024
Heure : 00.36
Admirer ce beau paysage de la vallée de Mbamba
Kuna Mbanza Ngungu, cette chanson populaire chère à Augustin Kisombe Kiaku Muisi, tiré du riche folklore ndibu et qu’aime frédonner les Ngunguois dans les grandes circonstances, est à la fois un symbole d’un état d’esprit, mais aussi un mythe qui caractérise les originaires et ressortissants de l'agglomération portant le même nom.
Bâtie sur une colline, Mbanza-Ngungu (ex.Thysville) dont l’histoire est intimement liée à celle de l’Otraco (Office des Transports du Congo) qui y avait érigé à ses débuts, son plus grand atelier, est le Chef Lieu du District des Cataractes et du Territoire de Mbanza-Ngungu. A ce titre, on y retrouve un nombre assez important de forgerons et une forte communauté des agents et fonctionnaires de l’Etat.
Située à 150 kilomètres de Kinshasa, à mi-chemin sur la Nationale N°1, cette cité est le passage obligé pour tous les voyageurs à destination de Matadi, la ville portuaire et Chef Lieu de la province du Kongo Central. Toutefois, par la voie ferrée, il faut utiliser, à partir de Muala Kinsende (ex- Marshall) un embranchement de 15 kms qui relie les deux localités. Elle est aussi le point de départ de plusieurs routes de desserte agricole, notamment celle qui mène à la cité sainte de NKAMBA, la nouvelle Jérusalem.
Mbanza-Ngungu se situe dans une région agricole. On y cultive les produits traditionnels de la R.D.Congo (manioc, arachides, maïs, bananes, haricots, etc...). A cause de son climat, on y plante aussi certaines cultures exotiques des pays occidentaux tels que les fraises, carottes, pommes de terre et toutes sortes de légumes qui font le bonheur des grands restaurateurs de la capitale.
Mbanza-Ngungu fut depuis l’époque coloniale, jusqu’à la triste période de la zarïanisation, un important centre commercial ou des portugais de renom avaient installé des grands magasins et des dépôts relais pour le ravitaillement de tous les coins et recoins de la province. Les noms des entreprises tels que Seraö, Mendes, Fernandes, Lopes, Marques, Bravo, Velozo, Douarte, Cardoso, Socopo, JVL, PEK, Mawombo, Cruz, resteront toujours dans la mémoire de ceux qui avaient connu cette belle époque, caractérisée par l’abondance des biens et des services. Plus tard, une nouvelle génération des compatriotes et originaires, conduite par le trio de choc constitué de Dombazi Zikumvala, Dokolo Sanu et de l’inusable Kisombe Kiaku Muisi ont pris la relève pour apporter un nouveau souffle aux activités socio-économique dans cette cité.
Mbanza-Ngungu est une contrée à vocation touristique. Elle s’identifie souvent à ces grottes millénaires, cadre unique au monde qui regorge des poissons aveugles, un spécimen rare qui peut attirer tant de visiteurs et faire l’objet d’une curiosité scientifique internationale.
L’Hôtel Cosmopolite n’a pas survécu aux deux pillages de triste mémoire qui ont précédé la chute du régime Mobutu. Il était le cadre de prédilection pour les touristes qui étaient attirés par les nombreuses curiosités du coin.
Le marché de Sainte Thérèse, la place du Belvedère, le Restaurant Bemaf et la Maison Kitala, furent quelques-uns des points de chute de ces nombreux visiteurs. Plus tard, les Hôtels Makani, Kama, Laurent Maza, Petit Bois, Cataractes, Cascades, Kuza, Nany, viendront renforcer la capacité d’hébergement des touristes dans cette cité.
Mbanza-Ngungu pour les anciens de cette ville, c’est le fameux Hôpital Président Charles qui a vu naître beaucoup d’entre nous, et les cimetières de Nsona-Nkulu, se côtoyant dos à dos, comme qui dirait, la naissance et la mort resteront à jamais, deux phénomènes toujours indissociables.
Mbanza-Ngungu c’est aussi le dispensaire de Tshibuabua, la salle des fêtes de l’Offitra, les marchés de Sainte Thérèse et de l’Offitra, sans oublier les stades de Nsona Nkulu et de l’Offitra.
Mbanza Ngungu, pour les vieilles gloires, ce sont les célèbres paroisses catholique Sainte Thérèse de Tata Albert Ndandou et Christ Roi de Tata Mbuta Dinganga, avec leurs fameuses écoles primaires des filles et garçons qui ont été le creuset où les Ngunguois de la première génération ont appris le «savoir».
Mbanza Ngungu, c’est également la mission protestante de la Ville Haute. C’est au sein de l’école primaire de Mviloti que les enfants issus des familles protestantes ont rivalisé d’ardeur avec leurs condisciples des écoles primaires Sainte Thérèse et Notre Dame.
Mbanza Ngungu peut toujours rappeler aux nostalgiques les fameuses fêtes de « bula simiti » à l’atelier de l’Otraco. Les forgerons profitaient de cette circonstance pour célébrer dans la liesse et l’allégresse la plus totale, cette fête dédiée à leur Saint patron. La population pouvait visiter au cours de cette journée porte ouverte, les installations de l’OTRACO et apprécier le travail qu’on y réalisait.
Mbanza Ngungu, c’était également Kusu Kusu, cette source que la Regideso a exploité durant des longues années pour produire l’eau fraiche et potable qui a fait le bonheur des ménagères.
Mbanza Ngungu, c’était Ndimba Leta ou les services de la pisciculture ont expérimenté les fameux « mazanga » (étang ) et autres cultures maraîchères (fraises, légumes, etc...) qui font encore aujourd’hui la fierté et la particularité de ce coin.
Mbanza Ngungu, ce sont les fameuses vallées de Kumbi, de Ndimba Nsenga avec les frasques de Ma Dieti Munganga, de la rivière Kikuta, de la source de Kidiaki, où les jeunes dans leur goût effréné des aventures allaient cueillir les mingiengie, mfulunta, mfilu, manga, etc.. Personne n’a oublié des célébrités locales que furent les Maria Tebo, Meya Meya, Maître Thomas qui n’est pas à confondre avec le Vieux Thomas-spécialiste des «camons», Ngielele alias Daksel, Mafua, Davra Davra Konia-Konia, Ntimansieme, ces hommes liges et fous à lier qui, par leurs pitreries et comportement burlesques ont apporté non seulement la joie, mais aussi des sueurs froides à la jeunesse.
Mbanza Ngungu, c’était une station urbaine construite autour des villages inaccessibles tels que Zamba, Loma, Kinlele, Mbamba, Kidiaki, Langa, Luvaka, Kimuingu, Sinsu, Mpete, Zonzo, Nzenze, Zulu Mongo, etc... Toutefois, personne ne peut oublier le mystérieux village de Masielele de Mfumu Mpuaya, au-delà duquel, même les plus téméraires d’entre eux n’arrivaient pas à s’aventurer. N’est ce pas que les Ndibu sont par leur nature des hommes très colériques et très attachés à leurs terres. La jeunesse avait appris et retenu la fameuse leçon, qu’il ne faisait pas bon aux inconnus de s’aventurer dans leurs coins. Le fameux slogan «ndibu ye ntoto ani», reflète jusqu’à ce jour l’attachement des bandibu aux terres de leurs ancêtres.
Mbanza Ngungu, ce sont ces fameuses chikuangues communément appelées nsesa, ces kangila ngai poissons salés farcis des tomates et vendues à tous les coins de rues. Mais tous les jeudi et dimanche, les amoureux de la viande de porc étaient gâtés par un certain Petro Nguidi dont la spécialité était ce qu’on désignait sous le nom de «dinlelo». Les cousins Matadiens désignent ce plat sous le nom de zwe-zwe. Aujourd’hui, ce sont Nkata Mpindi, Monziro et consorts qui ont pris la relève et continuent à perpétuer cette tradition.
Mbanza Ngungu, c’était aussi une cité des sportifs. Contrairement aux jeunes de Matadi qui ont vécu des moments inoubliables dans le domine musical avec les orchestres Comet Mambo de Me Jogo ou du Grand Micky de Depoutrou et la jeunesse de Kisantu qui a vibré durant quelques années au rythme endiablé de Zembe Zembe de Buengo Makengele, alias Alamoulé, les jeunes de Mbanza Ngungu avaient quant à eux, un faible pour les activités sportives. Cette cité a été une véritable pépinière des joueurs de football et de basket-ball pour les équipes de Kinshasa.
Mbanza Ngungu, cette ville des masawu vua, cette cité chère à Pierre Lundoloka, Emmanuel Lubalu, Mfumu Tintika, Mfumu Kinzonzi, Paulin Lutete, Ali Sidi, Jules Benga, Pascal Nsoko, Jean Dibua, Kunantu Dackin, Edouard Diakota, Mvindu Makani, Nkembo a Nza, Pony Mpondani, Matuta Mariano, Kitemoko Dacky, etc… est en train de mourir d’une mort lente. Elle n’a pas échappé aux pillages qui ont précédé la chute du régime MOBUTU. Personne n’avait échappé à la furie sauvage de cette population survoltée par ces conditions de vie assez précaire… Du plus grand opérateur économique au petit vendeur du coin, et même certains fonctionnaires ayant pignon sur rue, tous sont passés sous le rouleau compresseur de ces inciviques. Nos frères en armes, accompagnés de leurs épouses et de leurs enfants ayant semé la désolation et la panique parmi la population. Son tissu économique et social se trouve pour le moment à son plus bas niveau. Cette situation a renforcé l’exode des mains valides vers des milieux beaucoup plus cléments, surtout vers la capitale.
Cette cité aux multiples possibilités sur le plan agricole, est devenu récession oblige, le plus grand producteur des ciboules (ndembi). Chaque famille dispose d’un lopin de terre ou elle cultive cette céréale. Elle continue aussi à produire des champignons et des fraises en quantité assez raisonnables pour l’approvisionnement de Kinshasa, la capitale.
C’est de cette cité meurtrie, exsangue et vidée d’une frange très importante de sa population et vivant surtout des produits manufacturés en provenance de Kinshasa que nous allons vous présenter.